Cela pourrait s'intituler «Une forêt en hiver», tellement il_fait froid au Musée d'art contemporain. L'air climatisé garde les employés jeunes plus longtemps, c'est Walt Disney qui doit sourire dans son tombeau cryogénique. Bambi a fume un joint a la mort de sa maman, c'est Michel Tremlalay qui ne la trouve pas drôle...
Propos incohérents? Delirium tremens? N'ajustez pas votre appareil, vous n'êtes ni entrés dans la troisième dimension, ni dans un Twilight Zone journalistique. Vous ne lisez ni un drogué, ni un illuminé, mais tout simplement les premières réflexions qui viennent à l'esprit d'un visiteur à sa sortie d'Osmose, l'exposition en réalité virtuelle, présentée au MAC jusqu'au 1er octobre.
Une exposition? Un cinéma interactif, en fait, où l'on peut suivre une goutte d'eau ou une bulle d'air, entrer dans un arbre, un étang, une feuille ou une séquence de programmation d'ordinateur. Etourdi? Il y a de quoi, Osmose s'avère une expérience hallucinante et poétique, sans drogue et sans alcool...
Derniere exposition de l'été ou première de l'automne? Peu importe, c'est un événement en soi, une première importante pour les tenants de l'art électronique. Après les chars au MBA, voici la forêt magique de Char Davies au MAC et c'est vraiment les gros chars...
Comme le dit la belle sorcière elle-même, Mme Davis, cette technologie coûte cher et c'est seulement grâce à l'initiative de Softimage que l'exposition peut avoir lieu. Plus tard, comme pour toute technologie, les prix baisseront, mais pour l'instant on parle de quelques centaines de milliers de dollars.
«Je trouvais important toutefois de le faire maintenant, lance Char Davies. Il fallait montrer que la réalité virtuelle peut être autre chose qu'un jouet violent pour adolescents qui veulent jouer à la guerre. Il y a le commerce et la poésie...»
Au départ, Char Davies était peintre. Pendant dix ans, elle faisait plutôt dans la peinture réaliste. Maintenant à la direction du groupe de recherche visuelle de Softimage, elle crée des programmes d'animation en trois dimensions expressionnistes et uniques. Pour créer un échange virtuel entre le corps et l'esprit. Adieu dualité cartésienne!
«Si ceux et celles qui entrent dans Osmose peuvent éprouver la sensation de communier profondément et aisément avec ces mondes virtuels pour ensuite émerger dans le vrai monde avec un surcroît de sensibilité et de plaisir, alors Osmose aura atteint son objectif», dit-elle.
Tu parles! Dans la salle. on peut toujours assister au spectacle tranquillement, sans malaise. Derrière l'écran toutefois, l'expérience prend une toute autre tournure. Muni d'un casque de visualisation qui utilise une audio-infographie en trois dimensions et une camisole sensoriactive, on peut vraiment parler d'échange osmotique entre l'œuvre et le spectateur-participant.
Vous respirez, l'image monte et vice-versa à l'expiration. Vous pliez le tronc vers l'avant et vous avancez dans cet écran en trois dimensions. Vous penchez la tête à droite et, hop, panoramique vers la droite. Vous toumez sur vous-mêmes de 360 degrés et découvrez un nouveau paysage. Une forêt au centre ville, faut le faire!
Osmose a nécessité un an et demi de recherches et une equipe multidisciplinaire formée d'infographistes et de musiciens de Pologne, des Etats-Unis, du Canada et du Québec. C'est la technologie créatrice, façon Softimage.
«Nous voulions créer un standard, avoue Char Davies qui aimerait bien poursuivre ses recherches pour augmenter l'interactivite' de cette uvœre d'art ludique, mais sensible. Avec Osmose, la technologie est au service de l'esth«tique et d'une vision artistique. Non le contraire. Sans contenu, sans philosophie, c'est inutile.»
Le message, ici, est écologique, sans toutefois verser dans le nouvel âge gaga et passif. Au contraire, l'univers imaginé par l'artiste peut être questionne, revu et corrigé par le simple fait de notre regard. Dans la réalité virtuelle de Char Davies, on prend ce qu'on veut sans y laisser sa peau.
On en sort étourdi, mais revivifié. Pas si sûr qu'un bon vieux joint aurait le même effet...
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