Le 6e Symposium international des arts électroniques, ISEA95, se tenait en septembre dernier à Montréal. Parmi les multiples conférences, expositions et ateliers, trois productions montréalaises ont été particulièrement remarquées: Osmose, de Char Davies, Le Tunnel sous l'Atlantique et la bande-annonce en 3D du court métrage d'animation The Boxer.
Près de 1200 artistes, scientifiques, chercheurs, penseurs et théoriciens ont participé aux activités d'ISEA95, alias le 6e Symposium international des arts électroniques (International Symposium on Electronic Art), qui se déroulait du 17 au 24 septembre dernier à Montréal. L'événement a connu un tel succès que l'Inter-Society for the Electronic Arts, l'organisme fondateur d'ISEA actuellement basé à Rotterdam, aux Pays-Bas, songe à s'installer dans la métropole québécoise.
Cette manifestation s'est avérée l'occasion pour les praticiens du secteur des arts électroniques de se réunir et de partager leurs réflexions. Quant aux néophytes, ils ont pu constater, primo, que le domaine en question est un lieu de création en pleine émergence, secundo, que si l'art électronique pose plusieurs questions et déborde de projets, les réponses se font plus rares. À ce propos, il convient de dire que d'heureuses surprises ont ponctué le déroulement de l'événement.
Les participants d'ISEA95 retiendront, entre autres prestations, celle de Douglas Hofstadter, directeur du Centre for Research on Concepts and Cognition de l'Université de l'Indiana. Celui-ci a démontré, à partir des travaux de David Cope de l'Université de Santa Cruz, les possibilités de reproduire la signature musicale d'un compositeur à l'aide d'une analyse informatique. Cette reproduction retrace les patterns et produit à son tour une oeuvre qui conserve la signature de l'oeuvre originale. Cette démonstration fort convaincante laisse entrevoir la possibilité de création de trames musicales à partir d'une simple analyse des oeuvres de maîtres. Philosophant sur ce constat, Hofstadter a conclu: « L'âme humaine et l'esprit de la création sont beaucoup moins profonds que je ne l'avais pensé.. .»
En plus des multiples conférences, expositions et ateliers, trois productions montréalaises ont marqué l'événement: Osmose, qui permet un voyage en immersion virtuelle, Le Tunnel sous l'Atlantique et The Boxer. Les deux premières ont été présentées au Musée d'art contemporain de Montréal, la troisième dans le cadre de la sélection du cinéma électronique d'ISEA95.
OSMOSE
Produit par SoftImage, conçu et dirigé par Charlotte Davies, Osmose se veut un environnement d'immersion et d'interaction virtuelles, et « non une simple production en réalité virtuelle », précise l'artiste. Comme quoi ce terme compte déjà ses détracteurs... L'utilisateur de cette installation peut voyager dans un univers électronique où les lois physiques de la gravité et du mouvement trouvent une nouvelle logique et obéissent à de nouveaux paramètres.
Osmose n'est pas qu'un simple jeu. Le souffle et l'équilibre de l'utilisateur interagissent avec l'espace qui se meut et se transforme à son exploration. La musique, composée à partir de sonorités de la voix humaine, et la nature, représentée virtuellement, créent ensemble un univers multi-sensoriel. De l'avis des nombreux utilisateurs, pour la plupart spécialistes des arts électroniques, Osmose représente une oeuvre majeure dans ce nouveau domaine artistique. Toutefois, comme le souligne avec le sourire Char Davies elle-même, l'oeuvre ne peut plaire à tous: « Un jeune de 12 ans est venu me dire que c'était très ennuyant car il n'y a pas de guerre, pas d'opposants ni de fusils. » Mais la critique ne la trouble pas pour autant: « Ce n'est tout simplement pas fait pour eux. »
Osmose utilise un ordinateur stéréoscopique 3D, un son spatialisé, un casque, une veste avec capteurs de position ainsi qu'une projection vidéo stéréoscopique en direct. Le logiciel SoftImage 3D fonctionne sur une station de travail Silicon Graphics, qui pilote le travail en parallèle des huit processeurs de l'ordinateur Onyx. Produits par ce dernier, les graphiques en temps réel évoluent suivant la position et le point de vue du participant immergé, et alimentent ainsi l'image stéréoscopique dans le casque et sur l'écran vidéo. Pour ceux qui l'auraient manqué en septembre, signalons qu'Osmose est présenté jusqu'au 1er décembre à la Galerie Ricco/ Maresca, dans le quartier de Soho à New York. D'autres négociations sont en cours pour une diffusion internationale.
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